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Auréa Mukamutesa, du Foyer de la Charité Remera Ruhondo, au Rwanda

Les amis de Pierre et Aline leur ont fait connaitre l’histoire d’Auréa Mukamutesa, femme rwandaise, membre du Foyer de Charité Remera Ruhondo, depuis 1986.

La communauté catholique est située sur les bords du lac Ruhondo, au nord du Rwanda, très proche de la frontière avec l’Ouganda. De la communauté, on voit très bien le sommet du volcan Sabyinyo, dont le sommet culminant à plus de 3 600 mètres détermine la frontière entre le Rwanda, l’Ouganda et la République démocratique du Congo.

Auréa a été élevée, avec ses 9 frères et sœurs, dans l’amour de Dieu et son prochain. Sa famille chrétienne a toujours été au devant des personnes en difficulté, quelque soit leur provenance. Les événements de 1994, le génocide des Tutsi par la majorité Hutu, ont boulversé sa vie car elle a perdu beaucoup de membres de sa famille et ses biens matériels…

Voici son témoignage.

Étant au Foyer de Charité, je suis allée me former au Canada, à l’Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal. Je suis partie soi-disant pour apprendre comment aider les personnes traumatisées lors du génocide.

Arrivant là bas, je me suis rendue compte que moi même j’étais traumatisée, parce que j’ai failli être tuée plusieurs fois et j’en ai échappée miraculeusement. À l’Institut j’ai travaillée donc sur moi même, sur mes propres expériences  traumatiques. 

Durant les quatre ans de la formation, je me suis spécialisée dans la formation des personnes selon l’actualisation de forces vitales humaines, pour les aider à bâtir la paix au cœur des différences, dans le travail du deuil et dans l’aide aux personnes traumatisées

Auréa Mukamutesa

Auréa est repartie au Rwanda et a assumé la responsabilité de la Communauté des Foyers de la Charité Remera Ruhondo pendant presque 22 ans. Elle s’est impliquée dans la formation de membres dont le nombre a doublé pendant cette période. Elle s’est engagée pour apporter soutiens et compassion à son peuple blessé par génocide.

La vie est tissée par des ombres et des lumières, des croix et  la joie c’est un mystère… Je n’avais jamais pensé que je vivrais encore des expériences traumatisantes, après celle du Génocide de 1994. Je disais dans mon cœur, Seigneur c’est fini.

Non, ce n’est pas fini. En 2001 j’ai perdu ma mère. Un jour le 30 novembre 2001 elle est sortie de la maison pour aller à la Banque, et depuis ce jour elle est portée disparue. C’était dur pour moi, la famille, les voisins et les amis. Je me suis fâchée envers le Seigneur, je lui ai dit, Seigneur ça suffit.

Et voilà  qu’en 2006, j’ai perdu ma grande sœur assassinée en Amérique. Elle qui avait échappée miraculeusement au génocide et voilà qu’elle meurt assassinée à l’autre bout du monde. Là, j’avais le souffle coupé, je ne savais pas quoi dire au Bon Dieu… tellement j’étais déçue et triste.

Auréa Mukamutesa

En 2018, à l’occasion d’un séminaire, Auréa a découvert la vie de Marthe Robin, fondatrice des Foyers de la Charité. Elle a trouvé des parallèles entre la vie de souffrance de Marthe et la sienne, et elle a décidé de suivre son exemple et d’ouvrir la maison de sa grande sœur aux accablés, et des centaines de gens sont venus à sa rencontre.

Mon temps est rempli de travail d’accompagnement. Les gens viennent, mon agenda est plein de rendez-Vous. Lors de la pandémie j’ai accueilli aussi par, téléphone, par  Zoom et WhatsApp. Avec joie, je me rappelle encore aujourd’hui de toutes ces personnes, de leurs souffrances et de leurs guérisons. Il y a la vie qui a surgit au cœur de ma croix et qui est resté en elle. Certaines personnes me demandent : Où es ce que tu puises la force pour aider tout ce monde tout étant toi même blessé ?  Quel est ton secret ?

Que Dieu vous bénisse

Auréa Mukamutesa

Auréa remercie bien fort les donateurs comme Aline, Nicole, Michel, Bernard, et tant d’autres qu’elle ne connait pas personnellement pour leur soutien inébranlable. C’est grâce à eux qu’elle peut garder la maison ouverte, qu’elle peut dispenser les soins et offrir à manger. Cette aide lui laisse la liberté de se consacrer à panser et soigner ses visiteurs, tant le plan physique, que moral et spirituel. Comme l’écrit Auréa : que Dieu bénisse ces donateurs.


Dom Derrien

Références :

  • Le site Web du Foyer de la Charité Remera Ruhondo
  • Le site Web des Foyers de la Charité, sur la page de celui de Remera Ruhondo
  • Le volcan Sobyinjo sur le site de Wikipedia
  • Le site Web de l’Institut de la Formation Humaine Intégrale de Montréal
  • Le site Web dédié à Marthe Robin